Combien parmi vous ont-ils des projets qu’ils reportent sans cesse au lendemain et sont victimes de « reporter les choses à demain » ?
Certains ont voulu commencer un régime et reportent toujours à la semaine suivante ?
Combien se disent qu’ils ne se plaisent pas dans leur travail mais y restent ?
Combien se disent qu’ils ont des compétences et ne les utilisent pas ?
Reporter les choses à demain n’est pas une fatalité mais bien une manière de vivre qui vous enferme aussi certainement qu’un prisonnier dans sa cellule.
Commençons par passer en revue pourquoi nous reportons les choses … à plus tard.
La vie par procuration
Combien parmi vous ont déjà réalisé dans leur vie qu’ils étaient contents parce que le frigo est plein et que la télévision fonctionne ?
Combien parmi vous se sont dit, en étant assis dans leur fauteuil devant cette même TV avec un plat préparé sur les genoux : “Il faudrait vraiment que je change de vie » ?
Tout commence par ce simple constat. Vous êtes dans une vie où tout semble aller bien et pourtant vous vivez une vie par procuration.
Reporter les choses à demain est pour vous une normalité !
Vous développez peu à peu une sensibilité particulièrement tournée vers les autres. Vous découvrez que les jours passent, dans votre entreprise, dans votre famille, avec vos amis, avec vos camarades de sport, mais cela ne suffit pas et vous avez une grande soif d’être apprécié et aimé.
C’est ainsi que vous craignez dans votre vie que des conflits ne viennent chambouler votre zone de confort et, dès lors, vous fuyez les relations et les communications qui sont trop agressives pour vous.
Autour de vous, les personnes vous apprécient car vous êtes quelqu’un qui sait écouter et qui comprend les gens.
La vérité c’est que vous vous êtes oublié en cours de route.
Votre formidable empathie envers vos parents, vos amis, vos collègues vous pousse à voir votre existence à travers leur regard.
Vous vous construisez une vie qui est en parfait accord avec ce que les autres pensent de vous mais pas avec ce que vous pensez.
Reporter les choses à demain et créer une vie qui ne vous appartient pas
Au plus vous avancez, au plus vous vous rendez compte que la vie que vous menez n’est pas la vôtre.
Vous commencez par rechercher des explications, les origines, le commencement de votre comportement dans des événements passés qui peuvent expliquer votre situation présente. Vous cherchez tout ce qui a pu entraver votre développement à un moment donné.
Des questions surgissent : étiez-vous un enfant soumis ou battu, par exemple.
Après réflexion, vous commencez le développement de vous-même et vous vous rendez compte qu’il y a énormément à apprendre.
Vous faites un bilan rapide et vous vous rendez compte qu’il vous est souvent arrivé de vous effacer, de vous fermer, de ne pas exprimer vos désirs ni vos sentiments par peur mais aussi pour faire plaisir à vos proches.
Vous recherchez, dès lors, des solutions et face à un océan d’information que vous pouvez trouver sur le Net vous ne savez pas par où démarrer.
Comme beaucoup, vous commencez par écouter votre petite voix intérieure qui vous crie qu’il est temps de changer.
De « Reporter les choses à demain » à « vivre sans plus attendre » !
Vous partez à l’assaut de la vie, vous voulez rattraper le temps perdu, vous commencez à affronter votre peur de décevoir les autres car vous en avez assez de penser à eux et vous pensez désormais à vous.
Vous voulez vous jeter corps et âme dans cette nouvelle vie qui vous attend depuis trop longtemps.
Comme d’autres avant vous, vous ne savez pas comment votre entourage, ni vos amis, vont réagir car, en fait, vous venez de faire le choix de l’authenticité, le choix d’être vous tout le temps et partout. Est-ce que les autres vous accepteront ?
Et pourtant vous avez une envie irrépressible d’écouter vos envies, vos désirs, vos fantasmes, vos peines et vos manques.
Vous avez décidé de vous faire plaisir, vous avez décidé d’être finalement vous-même, en accord avec vos principes, vos valeurs et vos aspirations les plus profondes.
Néanmoins, au fond de vous, vous vous posez encore cette question “Ne fais-je pas fausse route » ?
La vie par procuration, c’est une vie où vous vous éteignez, une vie où il n’y a plus aucune lueur dans vos yeux, une vie où votre énergie disparaît de jour en jour, une vie où vos souvenirs sont en noirs et blancs où il n’y a que très peu de couleurs.
Une vie par procuration, c’est faire le choix soit de vivre pour les autres en vous oubliant, soit de vivre à travers les autres.
Mais au fond – “La vérité” – vous savez que ce n’est pas votre vie et que vous l’avez empruntée à un autre. Vous reconnaissez enfin que vous avez peur de ne pas être à la hauteur et de ne pas être aimé si vous êtes juste vous-même.
La “chicken box”
Combien parmi vous se sont déjà arrêtés à leur supermarché en se demandant d’où viennent les œufs ?
Combien parmi vous se sont demandés en ouvrant la boîte d’œuf, de quelle poule ils viennent ?
C’est ce que j’appelle le concept de “chicken box”. En effet, aujourd’hui toute notre vie peut se mesurer au passage d’une boîte à une autre.
Dès la maternité nous sommes mis dans une boîte qui s’appelle un couffin. Ensuite lorsque nous grandissons, nous nous déplaçons de boîte en boîte.
Passer d’une boîte à d’autres boîtes
Nous commençons par la boîte école et la nuit nous dormons dans notre boîte qu’on appelle un lit. Une fois que l’on commence à sortir on dira communément “on va en boîte”. On prendra même des boîtes sur roue qu’on appelle des voitures.
Si on a plus de moyens on prendra des boîtes volantes qui nous amènent d’un pays à un autre qu’on appelle des avions. Vous ferez tout pour vous acheter une belle et grande boîte avec plusieurs sous-boîtes que l’on appelle une maison ou une villa avec des pièces.
Enfin, il y a de grandes chances que vous terminiez votre vie dans une boîte que l’on mettra en terre et qu’on appelle un cercueil. Voilà le concept de “chicken box”.
Le principe est très simple, lorsqu’un poussin nait, il est mis dans une boîte parce qu’il est amené à être une poule pondeuse. Elle ne connaîtra jamais rien d’autre que cette boîte carrée en acier d’où elle pondra au minimum un œuf par jour. Ce sera pour elle son monde, sa réalité avec un nombre incalculable de ses semblables.
Savez-vous qu’actuellement en Chine une seule ferme compte pas moins de 3 millions de volailles enfermées dans ce genre de boîte ?
Le concept est simple et facilement compréhensible. Nous sommes les “chicken” et nous construisons nous-mêmes nos “box”.
C’est une véritable course effrénée qui existe entre tous les humains sur terre. Ce sera tout d’abord obtenir le meilleur diplôme, puis le meilleur job, puis la meilleure pension, etc. Je veux dire par-là que nous acceptons tous ou en tout cas trop souvent, un travail stressant, usant, sans âme et qui rapporte en définitive très peu.
Reporter les choses à demain et vivre dans sa « chicken box »
C’est la compensation obligatoire pour avoir la plus belle “box”, celle qui vous fera sentir que vous êtes heureux, ou du moins qui vous donnera le sentiment d’être heureux.
Et si nous avions fait fausse route jusqu’ici ?
Et si le vrai bonheur se situait hors de la « box » ?
On vous a certainement baratiné – tout comme moi, lorsque j’étais enfant – qu’il est important de faire des études et avoir un travail dans un domaine qui nous passionne.
Et lorsque vous arrivez sur le marché de l’emploi, vous regardez autour de vous et vous vous rendez compte d’une évidence : la plupart des gens qui vous entourent ne font pas le métier qui les passionne.
L’un vous parle de tout ce qu’il y a de mieux dans son job plutôt que dans un autre. Un suivant vous parle des côtés intéressants de ce travail en disant qu’il ne faut pas trop s’arrêter sur les côtés inintéressants. Quand un troisième vous parlera constamment des vacances qu’il réalise à côté de son travail en ne vous parlant jamais de celui-ci.
Pourquoi ?
La vérité ?
Très peu de personnes aiment vraiment leur métier.
« Il y a des milliers et des milliers de gens qui travaillent pendant de longues et difficiles heures dans des boulot qu’ils haïssent pour gagner de l’argent afin d’acheter des choses dont ils n’ont pas besoin pour impressionner des gens qu’ils n’aiment pas. » Cette citation est de Nigel Marsh. Vous pensez qu’il se trompe ?
Oui, moi aussi je pensais qu’il se trompait. Et pourtant une étude en 2014 de Gallup : « State Of The Global Workplace » qui a porté sur 230 000 employés dans 142 pays a démontré que : 13 % des employés dans le monde sont réellement contents dans leur entreprise. 24 % des employés sont désengagés, c’est-à-dire qu’ils considèrent leur travail comme un boulot alimentaire qu’ils sont obligés de faire pour survivre. Ces chiffres sont encore plus bas dans les pays de l’Europe de l’Ouest. Faut-il s’en étonner ?
Une évolution de la « chicken box »
Qu’est-ce qui a été l’avènement de la “chicken box” pour tous et de la course effrénée vers la “big box” ?
À la sortie du Moyen Âge, les hommes travaillaient autant qu’ils travaillent aujourd’hui, parfois plus en fonction des saisons ou de ce dont ils avaient besoin pour survivre.
La révolution industrielle a complètement bouleversé ce lien avec la nature et a imposé un travail divisé en tranches horaires : l’apparition du travail à pause et l’apparition du 9h-17h.
L’engouement était tel que tout le monde s’est rué vers cette formidable machine industrielle qui promettait des lendemains meilleurs.
Le constat après deux siècles d’industrialisation ?
Les niveaux et qualité de vie ont considérablement augmenté dans tous les pays industrialisés entraînant une régression forte de la pauvreté, des maladies et de la mortalité.
A l’opposé, une économie globalisée entraîne un désastre écologique sans précédent.
Je pourrais bien entendu vous citer tous les bienfaits et méfaits de la révolution industrielle mais ce n’est pas mon propos.
Il faut, par contre, constater que malgré toute cette richesse accumulée et malgré des “ chicken box” toujours plus grandes, les humains ne sont pas plus heureux et sont de plus en plus désalignés dans leur vie – quel désastre !
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution :
Celle où les individus veulent se réapproprier leur temps de vie.
Ils ne veulent plus le dilapider n’importe comment, pour n’importe qui, sans aucun état d’âme.
Ils sont en quête de sens et veulent arrêter de reporter les choses à demain.
Répondre à cette question est très simple : oui, c’est tout à fait normal. Nous sommes conditionnés à être excessivement réticents au changement. C’est ce qu’on peut appeler un trait humain et vous en faites les frais tous les jours lorsque vous décidez de changer des petites choses dans votre vie.
Est-ce normal de reporter les choses à demain?
Depuis votre enfance, vous avez subi un apprentissage qui est ce qu’on appelle la socialisation primaire.
Vos modèles sont alors vos parents et les personnes de votre entourage. Très vite vous allez réaliser une socialisation secondaire qui est plus spécifiquement marquée par l’enseignement et la rencontre de personnes que vous allez faire hors du milieu familial.
Tout ce que vous avez appris dans ces moments est ce que l’on peut appeler votre cadre de référence principal.
On peut aussi dire que vous voyez le monde, que celui-ci existe et que vous interagissez avec lui en fonction de ce cadre de référence. Dès lors, tout changement par rapport à cette nomenclature de base induit un risque.
En tout état de cause, vous allez constamment reporter quelque chose tant que vous n’êtes pas sûr qu’elle aura une incidence importante et positive sur votre vie de tous les jours.
A contrario, une fois dans l’obligation de réalisation, vous passez à l’action sans parfois même vous en rendre compte.
D’accord, mais est-ce un bien ou un mal de reporter les choses au lendemain ?
En fait, ce n’est ni bien ni mal, c’est simplement une manière de réagir typiquement humaine.
C’est tout à fait normal et cela vous protège autant que cela vous bloque.
Le plus important sera de savoir si vous avez besoin de passer à l’action pour avoir des changements dans votre vie ou pas.
Reporter les choses à demain n’est pas une fatalité, c’est à vous de changer.